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L’OUTLINE : (LE TEMPLATE, LA VUE EN PLAN)
L’outline d'un surf représente la forme du périmètre de la planche, les termes équivalents sont la forme en plan et le Template. Il est défini par :
• La longueur de la planche et
• La largeur maximale (maitre bau).
On donne ensuite comme information
• La position de cette largeur maximale (wide point) par rapport au centre de la longueur de la planche. Deux autres dimensions finissent de décrire l’outline,
• La largeur du nose (nez)
• La largeur de tail (queue) prises respectivement a un pied (30.48 cm) du bout avant de la planche et un pied du bout arrière de la planche.
les dimensions définissant l’outline
LA SURFACE DE L’OUTLINE : La surface de l’outline détermine en partie le volume de flottaison (l’autre facteur déterminant étant l’épaisseur de la planche)
Une grande surface permet donc une grande flottaison. La force de trainée s’opposant au déplacement du rameur est composée de 2 principales composantes : La trainée de frottement et la trainée de forme. (Voir chapitre trainée) Aux vitesses de la rame, la trainée de frottement reste négligeable et La trainée de forme est prédominante. Elle est causée par les changements de directions et de vitesses, contraints par les formes non parallèles au déplacement. Ces formes non parallèles constituent la surface frontale (Surface immergée projetée perpendiculaire au déplacement).
La force de trainée hydrodynamique de forme, est proportionnelle à la surface frontale et au carré de la vitesse. Ramer avec une planche de surf, dont le volume de flottaison maintient la totalité du corps du surfeur hors de l’eau, est donc plus facile qu’avec une petite planche laissant couler une partie du corps du surfeur, car la surface frontale est moins importante.
La flottaison permet donc de mieux utiliser son énergie de rame et d’atteindre des vitesses plus élevées. Il sera ainsi plus aisé de parcourir de longues distances ou de rattraper l’onde de la vague afin de partir dessus. La faible trainée de forme d’une planche à forte flottaison, permettra ainsi d’être propulsé par une vague de pente très faible, ou de prendre la vague en avance sur son pic, car la moindre composante de force de gravité résultant d’une faible pente, sera rapidement supérieure à la trainée. Le surfeur pourra donc prendre la vitesse nécessaire pour passer en planing et effectuer son take off.
Schéma comparatif gravité trainée suivant pente : Si P (poussée résultant de la gravité projetée sur la pente), est supérieure à T (la trainée de résistance à l’avancement), la planche accélère, le take off est alors possible. La surface détermine aussi la portance de planing : Une grande surface permet d’atteindre ou de conserver le planing avec moins de vitesse, la planche de grande surface coule et freine moins dans les phases de manœuvre ou la vitesse chute.
La longueur de l'outline: Les avantages / Désavantages de la longueur :
Flottaison : La longueur apporte donc les avantages du volume de flottaison, mais pour un même volume immergé, la surface frontale d’une planche longue est moins grande que celle d’une planche large, on gagnera donc nettement en trainée de forme à la rame (surtout si la surface est clapoteuse) et augmentera la vitesse théorique limite de carène. Au planing la longueur n’est plus un avantage, nous le verrons dans le chapitre traitant de la trainée de friction et des expérimentations Lindsay Lord.
Enfournement de la courbe de rocker inadaptée à la courbe de vague : Une longue planche trouvera sa place dans une grande vague et/ou une faible courbure, mais elle enfournera si la vague est creuse et de petite taille.
: longueur et courbe de vague
En considérant uniquement l’aspect dynamique des inerties, sans entrer dans l’hydrodynamique, une longue planche demande plus d’énergie pour être mise en rotation car elle est plus lourde mais aussi à cause de la distance entre le point de pivot (que nous supposerons ici au niveau des ailerons) et le centre d’inertie de la planche. L’effort de manœuvre est déterminé par cette distance.
Pour donner à la planche A une vitesse de 1 tour/sec autour de son centre de gravité, il faudrait appliquer une force de 3.8 kg à 1 mètre du centre de rotation pendant une seconde. Si on place le point de pivot à 1.3m du centre de gravité de la planche A cette force passe de 3.8 kg à 12 kg Pour donner à la planche B une vitesse de 1 tour/sec autour de son centre de gravité, il faudrait appliquer une force de 0.3 kg à 1 mètre du centre de rotation pendant une seconde. Si on place le point de pivot à 0.6m du centre de gravité de la planche B cette force passe de 0.3 kg à 1.2 kg .
La variation de la distance entre le centre d’inertie de la planche et le point de pivot est donc déjà d’une très grande influence sur la manœuvrabilité en termes d’inertie, nous verrons que ce point de pivot est aussi très influent sur l’hydrodynamique. Il semble donc judicieux de prendre soin du placement de ce pivot avant de s’inquiéter d’une différence de 0.01 kg entre une technologie carbone ou classique dans le choix des dérives.
On notera qu’une position avancée du point de pivot réduit le couple à produire et améliore donc la manœuvrabilité en Yaw. C’est ce qui se passe lorsque l’on avance les dérives ou que les dérives possèdent un système d’orientation automatique qui modifie la position du centre de courbe. (Voir système ADAC)
• Enchainement de manœuvres :
La position du surfeur sur une longue planche doit être déplacée de l’arrière, lors des phases de virages serrés, à l’avant pour rechercher de l’accélération. Ce déplacement peut être exploité pour réaliser des pas de dance sur la longueur, mais l’intuitivité des manœuvres s’en trouve largement affecté. Les shortboards permettent les enchainements de manœuvres sans obligatoirement se déplacer.
• Passage de barre en canard :
Une longue planche peut être impossible à immerger lors des passages de barre en canard, et il peut devenir très énergivore de passer la barre sans profiter de cette manœuvre. Il ne reste alors plus qu’à retourner la planche en tonneau et la serrer de toutes ses forces pour ne pas l’envoyer sur les autres surfeurs du spot ou lâcher la planche si la vague est trop puissante.
Pour résumer, l’avantage d’une planche courte réside principalement dans la manœuvrabilité sans déplacement des pieds et le passage de barre en canard. L’avantage d’une planche longue réside principalement dans la facilité de prendre davantage de vagues et la stabilité. Une méthode de choix consiste à prendre la planche la plus longue possible, pour prendre un maximum de vagues en fonction des conditions physiques et de vagues, mais suffisamment courte pour qu’elle laisse la possibilité d’exécuter les manœuvres que le surfeur désire produire. Choisir une planche trop courte pour avoir une grande manœuvrabilité est un non-sens si on rate 50% des vagues de la journée…
La largeur de l’outline :
A la rame, pour une flottaison équivalente, une planche large présente une plus grande surface frontale, et génère donc plus de trainée de forme qu’une longue planche. Lorsque la vitesse augmente et que l’on entre en planing, la trainée de forme prend moins d’importance car une grande partie de la surface frontale immergée disparait. Les essais de Lindsay Lord décrits dans un précèdent chapitre, donnant la trainée en fonction du ratio Largeur/Longueur, nous indiquent que le ratio optimal se trouve autour de 0.5, et que haut dessus de ce ratio, la largeur devient pénalisante lorsque la surface de l’eau est irrégulière. Ceci est lié à la surface frontale percutant le clapot, qu’une planche longue et étroite traverse mieux. Un des plus grands avantages de la largeur réside dans la capacité à conserver de la flottaison et du planing même dans les ma-nœuvres ou l’on s’appuie uniquement sur le tail (arrière) de la planche pour lever l’avant de la planche et tourner radicalement, comme dans les manœuvres de « tic-tac » en skate. Dans ces phases de virages serrés, à vitesse réduite, en appuis sur l’arrière, la planche flotte davantage si elle est large. On évite ainsi d’enfoncer et bloquer la planche.
Gain de manœuvrabilité Yaw/lacet : Un autre atout en termes de manœuvrabilité des planches avec la largeur importante, est la possibilité (à surface d’outline égales) de créer une courbe d’outline plus forte.
On peut imaginer aisément qu’il est plus facile de faire tourner un disque flottant qu’une longue planche rectangulaire. On gagnera donc en manœuvrabilité de « yaw » sur un outline large a rayon de courbure serré.
Cependant l’arrondis d’outline à l’avant de la planche tend à expulser le rail de l’eau lorsque la vitesse augmente. Ceci peut rendre le rail difficile à immerger, et donner une planche qui dérape de l’avant. Sans accroche de rail à l’avant, impossible de prendre des positions avancées génératrices de vitesses. On privilégiera des formes de rails parallèles pour la vitesse.
forces de poussées hydrodynamiques sur la partie avant du rail. La courbe avant de l’outline tend à éjecter le rail de l’eau. La poussée hydrostatique (flottaison du volume immergé) tend aussi à repousser la partie immergée hors de l’eau suivant une direction perpendiculaire a la surface.
Perte de manœuvrabilité en Roulis/Roll : Une largeur importante augmente la force de basculement en « roll » nécessaire pour enfoncer le rail, en augmentant le volume à immerger et la distance entre le centre de planche et le rail. Il donc plus difficile d’enfoncer profondément le rail dans la vague pour exploiter des virages coupés accélérant ou/et de basculer rapi-dement de rail a rail. Les planches larges sont donc naturellement plus stables en Roll, elles naviguent plus à plat et exploi-tent plus difficilement les effets de courbes coupées que peuvent procurer les rails combinés à la courbe de rocker. Nous verrons dans les optimisations comment un rail de type « hydroactif » peut nous affranchir de ce problème de largeur. Le terme « clunky » désigne cette difficulté de passage de rail à rail, par le son que fait la planche quand elle claque au passage de sa position stable à plat. Une règle de base indique que si le pied doit être rapproché du rail pour obtenir l’accroche, c’est que la planche est trop large, ou que les ailerons sont mal implantés car ils génèrent du dévers (voir chapitre ailerons). Schéma couple de Roulis/Roll planche large planche étroite :
Outline : Influence de la position du maitre bau (wide point)
La position de partie large de la planche détermine la zone ou la portance sera la plus importante. Plus cette position s’éloigne du centre, plus on marque le style de surf que l’on pourra pratiquer avec.
• Placée sur l’arrière du centre de planche, la partie large autorisera une position plus reculée au surfeur. Elle limitera donc l’enfoncement et le freinage pour un style de surf privilégiant les figures et manœuvres utilisant des appuis sur le pied ar-rière pour tourner. Ce type de surf sur l’arrière favorise les figures démonstratives appréciées des compétiteurs.
• Placée sur l’avant du centre de planche, la partie large permet des appuis plus avancés et un surf plus rapide. Les manœuvres exploitent les formes : En appuis sur le rail et la courbe du rocker le surfeur produit des virages coupés propulsifs, incisifs et précis. Ce type de surf est plus en phase avec les formes et les effets hydrodynamiques de la planche et exploite la fluidité de la vague dans un surf plus instinctif que démonstratif.
• En mixant les deux, on produit un surf polyvalent.
L’outline détermine donc le type de vague et de surf auquel est destiné la planche. Voici quelques types de planches basiques dont l’outline varie suivant le style de surf que l’on désire pratiquer :
OUTLINE gun :
Le surf de grosses vagues, l’origine de son nom “Gun” tiendrait d’une réflexion faite en 1956 a un shaper travaillant sur une forme destinée aux grosses vagues : « On ne chasse pas l’éléphant (grosses vagues) avec un pistolet pour enfant, on utilise un fusil (gun) a éléphant ! « Eléphant Gun » il est resté le nom Gun. Donc ce fusil à éléphants est très fin à l’arrière et étroit, cette faible largeur offre très peu de surface frontale, ceci permet d’atteindre de grandes vitesses. L’outline étroit permet de passer de rail a rail (Roll/Roulis) facilement et d’enfoncer le rail profondément. Rarement équipés d’ailerons latéraux proches du rail car ils induisent du devers. Un seul aileron central permet d’avoir un appui centré augmentant l’enfoncement du rail et l’exploitation du rocker dans les courbes coupées. Son Pintail étroit à faible portance, s’enfonce et creuse un sillon qui stabilise la trajectoire en maintenant l’arrière. La position reculée de l’aileron augmente encore cette directionalité. Ce type de planche peut atteindre plus de 3 mètres pour chasser le mammouth !
OUTLINE long bord : (ou Malibu)
le surf des origines, importé par Duke en Californie avec le surf, il a été délaissé à la révolution du shortboard, mais est revenu en force depuis 1990 avec une légèreté et des qualités hydrodynamiques qui le rendent plus facile à surfer qu’aux origines. Un large nose arrondis le distingue nettement du Gun. Sa largeur procure la flottaison et la surface de planing lui apportant respectivement, une rame plus rapide, et la possibilité de surfer de faibles pentes. Sa flottaison interdit le canard, mais lui permet de prendre les vagues en avance sur le pic avec peu d’efforts. Le nombre de vagues qu’il devient pos-sible de surfer dans une session devient donc plus grand qu’avec un shortboard. L’inertie de ce type de planche demande à être apprivoisée et utilisée, le longboarder se déplace de l’avant à l’arrière de la planche suivant la vitesse ou la manœuvrabilité qu’il recherche. Il permet de passer de conditions assez grosses à des conditions de petites vagues ou les figures et divers pas sur la planche sont un art en soi. Les longboards de shapers peuvent être très légers et les niveaux de figures effectuées par les long-boarders pros n’ont plus grand-chose à envier aux shortboards !
OUTLINE mini Malibu : plus large et épaisse qu’un short Board, elle permet une meilleur rame grâce à sa flottaison. Elle permet ainsi aux surfeurs plus âgés de conserver une chance de prendre des vagues dans des territoires peuplés de jeunes shortboard, tout en gardant plus de radicalité de manœuvres qu’un Malibu (longboard) ! Une largeur de tail et de nose identique, mais un wide point (maitre beau) assez reculé pour conserver une aptitude de virage assez radicaux sur l’arrière.
OUTLINE Egg : un mini Malibu avec un wide point plus avancé, donc des appuis possibles plus en avant sans enfourner. Cette planche est donc destinée à un surf plus rapide mais moins radical que le Malibu.
OUTLINE hybride : Planche qui se branche sur le secteur pour remonter au pic grâce à son moteur électrique. Elle recharge sa batterie lorsque son hélice tourne à l’envers en dévalant la vague. Possède une presse agrume et moulin à café qui fait de très bons cap-puccinos (en option). Plus sérieusement, ce type de planche propose un compromis entre shortboard Fish Egg/mini Malibu. Moins radical qu’un shortboard il garde un nose apte aux canards et un arrière assez large pour des manœuvres en appui arrière, mais permet les appuis avancés d’un wide point en avant et un nose assez large. Il est comparable à un Fish de plus grande taille avec un arrière plus étroit. Il offre de la portance et de la manœuvrabilité et permet de surfer de plus nombreux type de vagues que le Fish.
OUTLINE short Board :
entre 1.5 et 2.2 mètres, c’est la planche la plus répandue depuis la révolution du shortboard initiée en 1966 par les figures radicales de Nat Young aux championnats du monde. Les shapers liés à cette révolution sont l’australien Bob McTavish, et le Californien George Greenought. Plus difficile à ramer à cause de sa faible flottaison, sa faible inertie et sa faible surface la rende très manœuvrable sans effectuer de déplacement sur la planche. Les canards sont faciles à plonger grâce à un nose pointu et un volume réduit, mais sa faible portance implique une constante recherche de vitesse et des enchainements très rapides pour qu’elle ne s’enfonce pas dans les points morts (zone ou la planche est quasi arrêtée). Le terme « engagement » définit le style révolutionnaire du surf du shortboard en comparaison au surf préexistant, ou le « hang ten » ou « hang five » étaient les figures les plus extrêmes.
Les manœuvres radicales du shortboard tendent à ralentir et enfoncer la planche dans les virages de type dérapé. La relance devra donc être produite par pompage. L’apport de drive, manœuvrabilité et accélération de pompe généré par des ailerons dynamiques (voir système ADAC), se prêtent particulières bien à ce type de surf.
OUTLINE Fish :
C’est une shortboard, large avec un arrière en queue d’hirondelle. Idéale pour le Beach break et les petites vagues rapides. Epais et large, le Fish a une flottaison qui facilite la rame. Son « wide point » (maitre bau) avancé lui permet des appuis procurant de la vitesse sans enfourner, sa queue de pie prolonge le rail et son effet de drive, tout en offrant une largeur évitant de couler l’arrière dans les virages à basses vitesses. Le faible rocker est adapté à la courbure de vague pour limiter la surface frontale et la trainée. Les ailerons sont des profils symétriques et parallèles à l’axe de la planche pour générer un minimum de trainée. La courbure et vitesse de vague nécessaire à propulser en planing cette petite surface rendent difficile son utilisation dans les creux moins prononcé des vagues de taille moyennes.