Le rocker est une vue en coupe longitudinale montrant la courbe du dessous de la planche le long de la latte centrale (stringer).
La courbe du fond de la planche en contact avec la surface doit être adaptée à la courbe de la vague. Un rocker parfait pour une grande vague pourra être trop faible dans une petite vague creuse.
En trajectoire droite, un rocker fort produit une trainée plus importante, qu’un rocker faible. Une zone plate sous la planche diminue la trainée des planches rapides.
A condition que la zone plate corresponde à la zone large portante ou le centre de gravité pourra être appliqué sans faire couler la planche.
Le rocker apporte de la manœuvrabilité dans les courbes coupées, en appuis sur le rail de type bottom turn. La courbe du virage, principalement engendrée par l’inclinaison de roulis qui projette une résultante de portance vers l’intérieur du virage, est influencée par la courbe du rocker, plus le rocker est marqué plus la courbe sera serrée. En trajectoire courbe le rocker est donc favorable.
On peut utiliser la flexibilité de la planche pour combiner un rocker plat efficace en ligne droite lorsque les appuis centraux sont légers, et une flexion courbant le rocker sous la pression d’un appui correctement pensé dans le bottom…La flexion adéquate révèle une grande maitrise du shaper et du glaceur. Ils doivent tenir compte du poids et style du surfeur et posséder une parfaite connaissance des déformations suivant les matériaux utilisés.
Le rocker permet aussi un contrôle de l’incidence plus ou moins sensible. Le « Staged rocker » est un rocker comportant une ou plusieurs zones de plat. Une zone plate importante rend la planche moins sensible aux basculements de poids avant arrière, il faudra un mouvement plus ample pour transférer les appuis, alors qu’un rocker continu permet une variation progressive de l’angle d’incidence sous le transfert de poids. Il est possible de créer des zones de plats qui marquent des paliers d’incidences qui règlerons automatiquement la planche sur des angles étudiés par le shaper comme étant les plus efficaces.
Le surfeur sentira sa planche se stabiliser naturellement en incidence sur ces zones de plats, il pourra alors se concentrer sur d’autres objectifs, sa planche gagnera en intuitivité, à condition que ces plats soient correctement dimensionnés, car des angles d’assiette (incidence) imposés peuvent s’avérer contrariants, dans ce cas l’intuitivité disparait.
Pour réaliser une bonne intuitivité d’incidence stabilisée par des zones de plats, il est judicieux de faire correspondre ces zones avec l’outline : Une planche dessinée pour être rapide aura des appuis avancés, avec un plat sur la zone wide point lui aussi avancé. Une planche de manœuvres focalisées sur l’arrière gagnera à avoir un léger plat sur la zone large du tail pour éviter de trop accentuer le basculement freinant la planche sur l’arrière, la planche pourra se stabiliser sur l’arrière et la manœuvre sera efficace sans avoir à gérer trop précisément les transferts d’appuis. Il faudra bien sûr que la surface du tail soit pensée suffisamment large et portante pour consolider le choix de la zone plate. La zone de plat peut bien sûr, être sur un peu courbée pour doser l’effet. Le shaper indique ainsi au surfeur, la position idéale, en créant une sensation de stabilité qui sera considérée comme intuitive par le surfeur. La planche s’exprime et parle ainsi au surfeur.
Nous avons vu que le rocker est utile dans des virages coupés, ou il sert de courbe directrice guidant la trajectoire, mais qu’il peut s’avérer néfaste dans des phases ou sa courbe génère une surface frontale productrice de trainée. 
La partie immergée de la planche varie suivant les phases de vagues. La partie centrale de l’âme de la planche ne sert pas de guide dans la courbe du bottom turn car uniquement la zone latérale est immergée.
Si notre planche est faite pour évoluer dans de petites vagues, un rocker fort au centre pour les phases de descente de vague sera parfait, et pour le virage sur le rail le même rocker sera lui aussi parfait. Nous pouvons donc avoir un fond de planche qui aura le même rocker sur les bords qu’au centre sans pertes de performances. Ceci donne par exemple pour ce Fish, taillé pour les petites vagues, un fond plat pratiquement sur toute la longueur (vue du centre) 
Si notre planche est faite pour évoluer dans des courbures de vagues plus grandes, il nous faudra appliquer davantage de rocker dans les zones de rail en action dans les virages coupés, que sur l’âme centrale pour obtenir des trajectoires de carves plus ser-rées. Nous avons donc intérêt à penser le rocker sur plusieurs zones. Par exemple un rocker très faible sur la zone centrale de l’âme avec même un plat pour limiter la trainée, et un rocker plus fort sur certaines zones de rail pour augmenter la courbe directrice dans les virages coupés.
Le fond (coupe perpendiculaire à l’âme) de ce « gun » taillé en V sur l’arrière, donne donc des rockers plus accentués sur les bords qu’au milieu de la planche, elle cumulera alors de bonnes performances dans les virages et dans la ligne droite.
La variation du rocker suivant la zone de la planche entraine donc obligatoirement une forme de fond non plate. Les courbes de rockers décrites jusqu’ici représentent donc des coupes longitudinales de planches parallèles à l’âme centrale de la planche.
Mais nous savons que la planche navigue dans un flux relatif variable, et dans une position variable elle aussi, où seulement une partie du fond est immergé. La trajectoire relative du fluide autour de la planche ne suit donc que très rarement la ligne centrale de la planche. Notre planche révèle une forme « hydrodynamique » différente de sa forme statique. L’étude hydrodynamique du surf consiste donc à prendre en compte l’interaction du fluide en mouvement avec les formes de la planche réellement perçues par le fluide afin de quantifier correctement les forces en action dans une phase donnée.
MESURE DU ROCKER ET MESURES EN GENERAL : L’APPROCHE ADIMENSIONNELLE
Pour mesurer le rocker, au niveau de l’âme de la planche, on place une règle sur le dessous de la planche, tangente au fond au niveau du wide point, et l’on mesure la distance verticale entre la planche et la règle. Mais l’inclinaison de cette règle par rapport à la surface courbe du fond peut varier car il est difficile d’estimer la tangence (contact perpendiculaire) d’une ligne sur une courbe.
Une ligne de direction (line 1) passant par 2 points autour du wide point (ici à -500mm et + 500mm) peut être utilisée.
Les méthodes de mesures du rocker varient suivant les références, la méthode prenant 2 points de références autour du wide point est une des plus rigoureuse qui soit appliquée, mais aucune ne permet l’approche comparative forgeant la vision d’un shaper professionnel : Si le shaper désire modifier la taille d’une planche, et qu’i désire comparer son nouveau rocker avec sa planche de référence, cette méthode donnera des mesures inexploitables, car si la ligne directrice de la règle est construite sur une distance entre points constante, l’inclinaison de la règle varie suivant la courbure non symétrique autour du wide point.
La méthode avec distance constante autour du wide point pour aligner la règle donne des rockers comparables uniquement sur la même longueur de planche, mais elle devient fausse lorsque l’on change de taille de planche. Le shaper en perd l’analyse comparative, il pourra ainsi trouver des valeurs de rockers de tail supérieures pour une plus petite planche : Pour ne pas rester embourbé indéfiniment dans ces erreurs qui l’empêchent d’évoluer vers une vision globale des formes, le shaper doit adopter une vision « adimensionnelle ».
La méthode est simple, il suffit de chasser les unités de mesures, en divisant toutes les cotes par la longueur de planche. Ce principe est bien connu des Aero et Hydrodynamiciens, travaillant sur les profils d’ailes. J’invite donc vivement le shaper à penser en « longueur de planche » comme unité de mesure, à chaque fois que cela est possible, c’est la clé indispensable pour comparer constructivement les formes.